Donc, les Suisses auront eu la présence d’esprit de voter non à la trompeuse initiative « Financer l’avortement est une affaire privée ». Ouf! Pourtant, peut-on lire sur le site de la RTS, Valérie Kasteler-Budde, coprésidente du comité d’initiative et coprésidente du Parti évangélique genevois (tiens donc? quelle surprise! la religion n’avait soi-disant rien à voir la-dedans et il n’était pas question de supprimer le droit à l’avortement…), la question a été mal comprise.
« Les gens ont pensé qu’on s’attaquait aux femmes, or l’idée était plutôt de responsabiliser le couple et de redonner la parole aux hommes », a-t-elle déclaré sur le plateau de la TV RTS.
Mais non, on se serait trompé?! On aurait cru – à tort – qu’il ne s’agissait pas de légiférer sur le ventre des femmes, mais sur le fonctionnement du couple?! Ha, ben, ça alors…
Arrêtons-nous deux secondes sur ces « arguments »:
- responsabiliser le couple: voilà, voilà. Elle vit où, la dame? Sur mars? Parce que dans la grande – très grande! – majorité des cas où on choisit d’avorter, le concepteur à l’origine du début d’embryon (PAS un être humain, donc: rien, des cellules, c’est tout) est absent, pas concerné, pas intéressé par une éventuelle parentalité et si ça se trouve (en plus), très (vraiment très) content qu’on avorte. Les cas où c’est au couple, installé, à décider doivent se compter sur les doigts d’une main. Et puis, l’avortement, même remboursé, il est mis au crédit de quelle caisse maladie? Du monsieur ou de la dame? Ce ne sont pas les femmes, par hasard, qu’on accuse de coûter cher, à cause de la maternité? Pourtant, là, souvent, y a couple, non? C’est qui qui paie la quote-part de ces frais? Le monsieur ou la dame? Dans les faits, hein, c’est qui?!
- redonner la parole aux hommes: (avant de répondre, je prends le temps de m’esclaffer – jaune – et de ricaner sévère car c’est vrai que les hommes manquent de parole, que l’espace public n’est PAS pratiquement occupé que par des hommes et qu’ils n’ont dès lors pas tout le loisir de s’exprimer sur des choix qui ne les concernent pas. En fait). Sur les réseaux sociaux, les masculinistes (vous savez, ces pauvres hères qui prétendent être opprimés par les femmes devenues toutes puissantes) disent que la décision doit aussi revenir au concepteur du bébé. Admettons qu’on leur demande leur avis, ça me paraît normal (je pense d’ailleurs, à contrario, que faire un enfant sans le consentement du père, c’est de l’abus et que c’est grave), mais de là à porter un enfant (dans SON ventre et SA chair) pendant 9 mois parce que le « papa » veut le devenir… Pour après, sans doute, s’en occuper plus que lui et tout assumer, ils sont complètement éclairés à tous les étages ceux qui osent faire ce genre de « propositions »?
C’est MON ventre, MON choix. Point. Pas d’autre alternative. Quand les hommes porteront eux aussi les bébés, on en recause. Pour l’heure, il s’agit de MON ventre, MA décision. Y a même pas à discuter sur le bien-être ou pas de ces bébés non voulus. C’est à moi de décider si j’enfante. Ou pas.
Quant à la gentille Valérie Kasteler-Budde, rassurez-vous, elle prédit que cette thématique reviendra sur le devant de la scène (ce qui veut dire qu’ils ont prévu de remettre ça). Elle ne lâche donc pas le morceau, mais pas parce qu’elle est contre l’avortement, non, non, parce que… elle est évangéliste? Ha ben, oui. Super.
Et hypocrite aussi. Un peu. Aussi.