Patrizia a un avis sur tout

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Zéro sucre de Danièle Gerkens aux éditions Les Arènes #Obésité #Santé #Vegan 12 août 2016


Ceux qui me suivent sur Facebook ou Twitter – ou me lisent sur ce blog – connaissent mon intérêt pour l’alimentation saine, naturelle et mon aversion pour ce que mettent dans nos assiettes les agro-industriels de tous poils. Ils savent aussi que je lis beaucoup de choses sur le sujet et que certains de ces livres sont effrayants dans ce qu’ils montrent de ce que nous ingurgitons sans même le savoir (lire l’excellent et très éclairant Sucre sel et matières grasses de Michael Moss ou le non moins excellent, mais moins récent ToxicFood De William Reymond).

Après m’être intéressée au sel (un peu), au gras (beaucoup moins tant je trouvais que les « recommandations » officielles laissaient peu de place au bon sens*: on a mangé du gras pendant des centaines d’années, ça donne du goût aux aliments, en quoi est-ce mauvais? Cela l’est s’il s’agit de mauvais gras, produit par l’industrie), m’être informée sur tous les additifs divers et variés (que les grandes entreprises sont capables d’insérer dans ce qu’ils osent encore appeler aliments et qui n’en sont plus depuis longtemps), il était temps, dans la tendance de l’époque de m’intéresser au sucre. Je n’ai jamais cédé aux sirènes du light. Une forme d’intuition bénéfique.

Mais comme tout le monde, je prends du poids alors que je m’alimente plutôt sainement. Comme tout le monde, mon univers est saturé d’hormones de synthèses (qui font grossir), de perturbateurs endocriniens (qui font grossir), de sucre et de mauvaises graisses (qui font grossir), de pesticides (qui font grossir) et de phtalates (qui font grossir: LesPhtalatesFontGrossir). Et, comme l’explique William Reymond dans son livre Toxic Food, les occidentaux n’ont jamais autant bougé et fait d’efforts pour rester minces et sont malgré tout de plus en plus gros. Il y a comme un blème quelque part. La théorie de bouger plus pour brûler plus de calories semble bien avoir du plomb dans l’aile. William Reymond mettait déjà le doigt sur une composante qu’on retrouve partout: le sucre. Là, ça a du sens. le sucre, avant l’ère industrielle, on en consommait peu. Or, aujourd’hui, quoiqu’on mange, sous quelque forme que ce soit (glucose, malt, fructose, amidon et j’en passe de TRÈS très nombreuses autres variantes!), on bouffe des tonnes – littéralement – de sucre, sans même le savoir! Faites le test (avec la liste de tous les sucres fabriqués pour et par l’industrie agro-alimentaire) et prenez peur!

J’avais déjà lu CommentJaiDecrocheDuSucre de Charlotte Debeugny aux éditions Marabout. La partie sur les fruits, moi qui en suis une grande (grande!) mangeuse m’a découragée. S’il faut supprimer les fruits, je n’en suis plus. Si je devais vivre au Pôle Nord, une des régions du monde pour laquelle j’ai une grande fascination (j’aime la neige, le froid, tout ça), je sais que ce qui me manquerait assurément, ce sont les fruits. Impossible de vivre sans. Mais je suis quand même passée à l’action en réduisant encore la part du sucre dans notre foyer. Exit les bonbons. Moins ils en mangent, moins les enfants en réclament (essayez, c’est étonnant), prouvant en cela qu’il s’agit bien d’une forme de drogue. Dans les biscuits et gâteaux maison (gâteaux et cakes ou tartes pour les Frouzes), que du sucre bio, si possible brut et en quantité moindre qu’indiquée dans les recettes. Dans les sauces tomates, plus de sucre du tout, même pas une pincée et personne ne s’en est aperçu. Etc., etc.

Puis j’ai lu Zéro Sucre de Danièle Gerkens, journaliste à Elle qui raconte son année sans sucre. Quelques craquages plus loin, elle se dit moins fatiguée et en meilleure santé. Cerise sur le gâteau (lol), elle perdu six kilos sans faire de régime. J’ai eu envie de tenter l’expérience. Ça commence par lister les sucres présents partout dans tout, une liste longue comme un jour sans pain (dans lequel, industriel, il y a du sucre!) à vous donner le vertige (lire en tête de cet article tous les noms sous lesquels se cache le sucre). Et on ne parle pas là des aliments où l’on sait qu’on va trouver du sucre, tels les pâtisseries, les confitures, les jus de fruits, les sirops de fruits, les sodas, etc. Non, on parle d’aliments de base, voyez plutôt: épinards à la crème surgelés? Sucre. Moutarde? Sucre. Mayonnaise? Sucre. Yaourt… nature? Sucre. Jambon?! SUCRE! Pourtant, tous ceux qui cuisinent le savent, nul sucre dans les recettes de mayonnaise, houmous ou moutarde maison! Pourquoi donc y a-t-il du sucre là où on ne l’attend pas?! Parce que ça rend accro, parce qu’on en redemande et parce que c’est un très bon moyen, très bon marché, de nous faire consommer plus!

Faire – comme je le faisais jusqu’à peu – mes courses en privilégiant fruits et légumes de saison (par le biais d’un panier bio) et en scrutant les étiquettes pour éliminer dans la mesure du possible OGM, additifs, huile de palme, édulcorants et exhausteurs de saveurs tenait déjà du parcours du combattant. Je fais moi-même mon PainDeKamutEtLevainBio (pas de sucre, peu de sel), donc ce problème-là est résolu. Néanmoins, supprimer en sus tous les sucres, industriels notamment, rend mon charriot complètement anorexique. Je me retrouve errant dans le magasin en ne sachant pas quoi acheter puisque même le bio – dès lors qu’il est industriel – contient du sucre –  bio, certes – sous diverses formes. Il ne reste plus que les produits frais, de saison et, si possible, bios. C’est bon, mais ça prend du temps.

Ma santé, je ne sais pas encore, mais mon porte-monnaie me dit déjà d’ores et déjà merci. Peut-être le premier pas vers une vie sans argent puisque je lis en ce moment-même L’homme sans argent de Mark Boyle (éditions Les Arènes), le récit passionnant d’un freeeconomist qui a choisi d’essayer de vivre sans argent toute une année.

* Et promouvoir la margarine, produite industriellement,
en lieu et place du beurre, est une aberration écologique
Beurre1Margarine0

 

Cet été, j’ai passé 15 jours à Stromboli et deux à Palerme au retour 8 septembre 2015


 

Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi, aux éd. Babel (@ActesSud) 19 août 2015


On ne peut pas être pour la décroissance, plutôt de gauche, anti-multinationales*, écolo et ne jamais avoir entendu parler de Pierre Rabhi, puissant mentor qui prône (avec raison) un retour digne et respectueux à la terre. Pourtant, hormis quelques citations du monsieur sur les pages Facebook de certain(e)s Vert(e)s, je ne connaissais pas ses écrits.

En vacances en Éolie, sur la magnifique île de Stromboli, au chaud (très au chaud), cet été, en famille et entre amis, j’aurai beaucoup lu (la faute à la chaleur qui empêchait quiconque de sortir entre midi et 16 heures). J’aurai lu KingKongTheory de Virginie Despentes, lecture proposée par mini-moi n° 1 et découverte roborative s’il en fût. Et… Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi.

Car, après Le prix de l’innocence de Willa Marsh (sympathique livre sur les espoirs et désillusions d’une vie), Mi sa che fuori è primavera de Concita De Gregorio qui donne la version d’Irina Lucidi sur le rapt de ses filles par son mari (éclairant sur la justice suisse et les préjugés machistes) et Sucre, sel et matières grasses, comment les industriels nous rendent accros de Michael Moss (lu comme un thriller),  me restait bien un dernier livre, La maison de terre de Woody Guthrie. Las, la rencontre avec ce grand monsieur de la littérature américaine n’a malheureusement pas eu lieu. Ce n’est pas faute d’avoir essayé puisque je n’ai déclaré forfait qu’après une soixantaine de pages tant le sujet était prometteur, mais les dialogues (nombreux!) en écrit parlé auront eu raison de mon obstination.

Je me suis donc rabattue sur les livres des amis. ToutCeQueJ’aimais de Siri Hustvedt? Déjà lu. Ne restait donc plus que… Pierre Rabhi. Et?

Langage quelque peu alambiqué (à l’ancienne) et tournures de phrases complexes, mais style élégant et poétique, représentatif de sa génération. Sans faire de grandes révélations (le livre de Michael Moss sur les « tours » de l’agro-industrie pour nous faire bouffer leur m… est à ce titre bien plus explosif), il a le mérite – immense – d’être un utile rappel des besoins de l’humanité (dont l’Apple Watch ne fait pas partie). J’ai aussi apprécié son point de vue (pour moi inédit) sur les deux guerres qui auront façonné l’Occident et qu’il présente comme ayant été des prétextes à une relance de l’économie. Il aura, enfin, mis des mots sur ce que je ressens souvent en lisant la presse: ces absurdités admises par tous comme réalités intangibles et logiques alors qu’elles ne sont qu’… absurdités! Comme celle-ci:

Dans les jeux du stade, une fraction de seconde a le pouvoir de donner ou confisquer la victoire au sportif.

*(cette plaie des temps modernes qui,
avec des budgets plus élevés que les États,
fait le mal partout où elles sévissent:
obésité, maladies, pollution, perte de la biodiversité,
destruction de la souveraineté alimentaire et j’en passe)